Plumiere

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L'amour et le bonheur selon Benigni

Vous souvenez-vous de ce film très émouvant La vie est belle, qui racontait l’histoire d’une famille juive déportée, où le père (interprété par Roberto Benigni) faisait croire à son fils qu’ils participaient à un jeu dont l’objectif consistait à gagner un char d’assaut ? Un film magnifique, qui avait remporté trois oscars en 1999.

 

En décembre 2014, quelques jours avant Noël, la RAI avait organisé deux soirées animées par Roberto Benigni sur le thème des dix commandements. Dans un pays croyant et catholique (n'oublions pas que le Vatican est une enclave dans Rome), même encore actuellement, ces deux soirées ont remporté un vif succès : 10 millions de téléspectateurs, 38 % de parts d’audience, et Benigni a reçu les félicitations du pape en prime !

 

Benigni est un spectacle à lui tout seul, et j’encourage vivement ceux qui comprennent un peu l’italien – même rien qu’un peu – à se rendre sur YouTube pour visionner un petit bijou : l’extrait où il parle de l’amour et du bonheur. Les conditions d’utilisation du blog ne m’autorisent pas à insérer un lien vers une vidéo, mais vous n’aurez qu’à taper les mots-clés suivants « benigni felicita amore » et vous trouverez immédiatement cet extrait dont je vous livre ci-dessous la traduction.

 

« Tout est résumé, tout tient dans ce mot : s’aimer.

Il faut toutefois préciser une chose : que le temps passe, et le problème fondamental de l’humanité, depuis deux-mille ans, est toujours le même : s’aimer .

Mais le temps presse maintenant, l’urgence est bien plus grande. Et lorsqu’aujourd’hui, nous entendons encore ce refrain disant que nous devons nous aimer les uns les autres, nous savons qu’il ne nous reste désormais plus beaucoup de temps. Nous devons nous dépêcher. Dépêchons-nous d’aimer.

Nous aimons toujours trop peu et trop tard. Dépêchons-nous d’aimer, car au crépuscule de notre vie, nous serons jugés sur l’amour, et qu’il n’existe pas d’amour gaspillé. Et parce qu’il n’existe pas d’émotion plus grande que celle de ressentir, lorsque nous sommes amoureux, que notre vie dépend totalement d’une autre personne, que nous ne nous suffisons pas à nous-même et parce que toutes les choses, même celles qui sont inanimées, comme les montagnes, les mers, les routes, mais bien d’autres choses encore, le ciel, le vent, et bien plus encore, les étoiles, et aussi les villes, les fleuves, les pierres, les bâtiments, toutes ces choses qui en elles-mêmes sont vides, indifférentes, subitement lorsque nous les regardons, elles se chargent d’une signification humaine, et elles nous enchantent, elles nous touchent car nous y pressentons cet amour. Même les choses inanimées – car l’amour recouvre l’entière création, et parce que l’amour se confond avec le sens de toute chose : le bonheur.

 

Oui! Le bonheur !

 

À propos du bonheur, cherchez-le, tous les jours, constamment.

Mieux, que tous ceux qui m’écoutent maintenant se mettent à la recherche du bonheur maintenant, en cet instant précis, parce qu’il est là, vous l’avez, il est en nous parce que nous l’avons tous reçu, nous l’avons reçu en cadeau lorsque nous étions petits. Et c’était un cadeau tellement beau que nous l’avons caché, comme les chiens le font avec l’os qu’ils reçoivent, et bon nombre d’entre nous ne se souviennent plus de l’endroit où ils l’ont mis. Mais il est en nous, il est en vous. Regardez dans tous les placards, sur tous les rayonnages, dans tous les recoins de votre âme, fouillez partout. Dans tous les chiffonniers, dans tous les tiroirs que vous avez tout au fond de vous. Vous verrez, il va apparaître.

 

Parce qu’il est là !

 

Essayez d’agir brusquement, de le prendre par surprise, il est là. Nous devons toujours penser au bonheur, et même si parfois lui nous oublie, nous ne devrons jamais l’oublier, jusqu’à notre dernier souffle et nous ne devons pas non plus avoir peur de la mort. Sachez qu’il est plus dangereux de naître que de mourir. Ce n’est pas de mourir dont vous devez avoir peur, mais de ne jamais commencer à vivre vraiment. Élancez-vous dans l’existence, maintenant, ici, parce que si vous ne trouvez rien maintenant, vous ne trouverez jamais rien ! L’éternité, c’est maintenant ! Nous devons dire oui à la vie, un oui tellement entier à la vie qu’il soit capable d’endiguer tous les nons, car à la fin de ces deux soirées que nous avons passées ensemble, nous avons compris que nous ne savons rien, et que nous ne comprenons rien. Nous comprenons seulement qu’il y a un grand mystère et qu’il faut faire avec puis l’oublier, et que rien au monde ne nous impressionne davantage que la vie qui continue alors que nous ne comprenons pas comment elle s’y prend. Mais comment s’y prend-elle, comment s’y prend-elle pour résister ? Comment s’y prend-elle pour tenir aussi longtemps ? Voilà un autre mystère, personne ne l’a jamais compris car la vie va bien au-delà de ce que nous pouvons comprendre, c’est pour cela qu’elle résiste. Si la vie n’était rien de plus que ce que nous comprenons, il y a longtemps, bien longtemps qu’elle serait terminée. Et nous le sentons, nous sentons que quelque chose d’infini pourrait nous arriver d’un instant à l’autre, et alors il ne nous reste plus, à chacun d’entre nous, qu’une chose à faire : nous incliner. »

 

Sacré voyage, n'est-ce-pas ? Y en-a-t-il parmi vous qui n’ont pas été transportés par le lyrisme de Benigni ? Avouez que ce discours est un véritable petit bijou. Il n’est guère étonnant que l’Italie soit tombée sous le charme de ces belles paroles et que le public ait plébiscité Benigni.

 

 

Vous savez ce qu’il vous reste maintenant à faire : aimer, aimez-vous les uns les autres, et surtout aimez-vous vous-mêmes. Et puis cherchez. Oui, cherchez bien partout et vous trouverez !

 

Et si vous le composiez aussi votre tableau du bonheur ? Qu'allez-vous y mettre ?

 

 



02/02/2020
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