Un petit tour chez Big Tech ?
Une première vague technologique après la seconde guerre mondiale nous avait apporté bon nombre d’appareils électroménagers, les tracteurs, la télévision et la radio… Depuis les années 1990, c’est un véritable tsunami d’outils technologiques qui déferle sur nous : internet, téléphones portables, GPS, voitures – montres et bâtiments connectés… Nos ancêtres seraient bien perdus s’ils revenaient parmi nous en 2022.
Depuis environ dix-huit mois, je traduis régulièrement des articles pour une société dans le secteur des « Big Tech ».
Non, ne riez pas ! Je sais que je suis à ranger dans la catégorie des littéraires, et non des scientifiques ou autres adeptes de la technologie. Et pourtant, j’avoue que cela m’a permis d’appréhender le monde des Big Tech d’une manière un peu plus intime.
Attention : qui dit intimité ne dit pas forcément approbation. Le vieux proverbe « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es » était valable au Moyen-Âge. Au vingt-et-unième siècle, fort heureusement, nous profitons d’un accès tout nouveau à la CONSCIENCE (certes, pas encore tout le monde, mais cela ne saurait tarder ?).
D’ailleurs, à propos de conscience et de science, qui a dit « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ?
Un littéraire ! Ha ha !!!!
Les quelques dizaines de milliers de mots traduits m’auront permis d’appréhender un certain nombre de concepts :
- Tout d’abord, il faut savoir que « chez ces gens-là » comme disait le poète, la « pandémie » de Coronavirus est vue comme une véritable aubaine. Eh oui, grâce à elle, ces sociétés ont vu leur chiffre d’affaires battre tous les records.
Que penser de celles et ceux qui se réjouissent de la mort, de la maladie et du chaos ambiant car ils s’en « foutent plein les poches » ?
Est-il bien utile de répondre à une telle question ?
Je vous laisse deviner quel est l’autre « Big » qui a profité de tout cela.
- Bien sûr, tout réside dans l’art de présenter les choses.
D’abord, on ne parle jamais de « surveillance ». Que nenni ! Il est toujours question de « technologie de suivi ». Vous voyez tout de suite la différence, n’est-ce pas ?
Ensuite, quand une entreprise s’adresse à une autre entreprise (le fameux B2B, ou « Business to Business ») et qu’elle cherche à lui vendre quelque chose, l’argument choc sera systématiquement les économies qui pourront être réalisées (peu importe dans quel domaine : factures d’énergie, loyer, frais divers, main d’҄œuvre, etc.). N’oubliez pas que nous sommes à un stade où seul compte le profit. Sinon, à quoi servirait-une entreprise ?
Rassurez-moi, vous ne pensiez tout de même pas que l’objectif d’une usine de HOHA HOLA, était de permettre aux humains de ne pas mourir de soif ? Ni que celui d’une fabrique de bonbons CHARIDOT était de veiller à la santé dentaire de tous les enfants ?
« Rentabilité über alles », bon sang !
Et l’humain, dans tout cela me direz-vous…
L’humain ? Mince, il y aurait encore des humains en ce bas monde ?
- L’autre point intéressant à noter est que ce secteur d’activité base TOUT (et quand je dis tout, c’est absolument tout) sur la collecte des données. En effet, cette industrie cherche à rassembler un maximum d’informations - sur tout. Comme le chantait Pierrot « Tout, tout, tout vous saurez tout sur… »… Oups… sur TOUT !
Dans ce milieu, on pense que via la technologie, la surveillance, les cookies… et de multiples capteurs disposés partout, on saura tout - sur chacun d’entre nous et sur tout.
L’intérêt ? Eh bien quand vous savez ce que consomme une personne, vous pouvez lui envoyer des publicités ciblées, vous pouvez savoir quels sont ses points faibles, vous pouvez connaître ses intérêts, ses besoins, et concentrer vos efforts de recherche, de commercialisation dans ce domaine en particulier.
Connaissez-vous l’adage : « Quand c’est gratuit, le produit c’est vous ! » ?
Sans oublier que toutes les données récoltées à votre propos peuvent également être vendues à d’autres entreprises et rapporter gros.
Vous comprenez mieux pourquoi les données sont le nouvel eldorado du XXIe siècle ?
Il faut savoir que l’IA dans son ensemble repose sur l’accumulation d’un maximum de données et la rapidité de la machine à traiter les informations, la machine ayant des capacités bien supérieures à celles de l’humain dans ce domaine.
Vous voyez où je m’en vais ?
Un ordinateur repose sur un mode de fonctionnement binaire, c’est-à-dire sur 0 ou 1.
Oui ou non
Vrai ou faux
Noir ou blanc.
Si vous travaillez dans un domaine technique, vous connaissez certainement ces schémas permettant de diagnostiquer des pannes et de trouver une solution de réparation :
- L’appareil s’allume-t-il lorsqu’on le branche ?
Oui / Non ?
Si oui > dans ce cas… Si non > dans ce cas…
De fil en aiguille, vous aboutissez à une réponse qui doit résoudre votre problème de départ.
Voilà donc que les gens qui sont à la tête de nos sociétés modernes pensent qu’à partir de 0 et de 1, il sera possible de tout mettre en équation, d’englober toutes les situations et de résoudre tous les mystères de l’univers…
Je vous poserai donc la question suivante : pensez-vous vraiment qu’à partir de votre sexe, de votre date de naissance, de votre religion, de votre signe astrologique, de votre cursus universitaire, de votre métier, de votre QI, des sites Internet que vous consultez, etc… la machine la plus perfectionnée au monde sera capable de SAVOIR :
- QUI VOUS ÊTES ?
- Ce que vous pensez à propos de tout ?
- De déterminer le jour de votre mort ?
- De connaître votre richesse intérieure ?
- D’évaluer votre réussite professionnelle ou sentimentale ?
Pensez-vous réellement que tout est soit noir, soit blanc ? Qu’il n’y a aucune nuance de gris, ni aucune couleur dans la vraie vie ?
Qui peut réellement croire que chacun d’entre nous se résume à une accumulation de données mathématiques, physiques, biologiques, économiques… ?
Comment est-il possible que certaines personnes arrivent à penser réellement que nous ne sommes rien de plus que des données ?
N’y aurait-il pas derrière toute cette approche un besoin irrépressible de tout contrôler et de tout maîtriser ? Certes la science tente de tout expliquer par la raison, la logique et les connaissances. Malheureusement « ces gens-là » ne supportent pas ce « PFH » qui les empêche justement de tout maîtriser.
Vous avez dit « PFH » ? Par PFH, il faut comprendre « P***** de facteur humain » : en effet, comment maîtriser à 100 % ce qui n’est ni prévisible, ni constant, ni fiable ? Une partie de ce que pense et de ce qu’éprouve Martin Dupont le 1er janvier n’est probablement plus tout à fait vrai le 3 février de la même année. Alors vous imaginez le 31 décembre !
On parie ? Qui était votre chanteur préféré en 1995 ? Diantre, vous n’osez pas le dire ? Pire :vous ne vous en souvenez plus ?! Et vous vous étonnez qu’on veuille vous remplacer par des machines ?
Nous les humains, avec nos émotions et nos réactions imprévisibles, provoquons le désarroi de ces maîtres des Big Tech. Les machines et les robots sont tellement plus prévisibles, plus fiables, plus reproductibles et plus obéissants.
Et - avantage non négligeable - une fois amortis, ils ne coûtent plus rien, contrairement aux humains qui réclament des augmentations, des retraites, font grève, sont malades, ne travaillent pas 24h/24 et 7 jours/7, ont besoin de congés, etc.
Vous comprenez maintenant que l’humain est le facteur à éliminer dans toute équation pour que la technologie puisse enfin régner sur le monde ?
En conclusion, certes la technologie a du bon. Mais soyons bien conscients qu’elle doit être là pour servir l’humain, pour lui faciliter la vie, et non l’AS-servir !
Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons réellement créer LE MEILLEUR DES MONDES !
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