Changement d’heure ? Ou aussi altération du temps et inversion des valeurs ?
S’il fallait décrire la période actuelle, je choisirais sans hésiter l’adjectif « surréaliste » !
Quant au tableau intitulé La Persistance de la Mémoire de Dali, également connu sous le nom des montres molles, il dépeint parfaitement cette sensation étrange que le temps n’existe plus. Ou tout du moins que nous avons perdu tous nos repères par rapport à lui. Hier nous courions dans tous les sens à sa poursuite, aujourd’hui nous sommes désœuvrés et devons nous inventer des tâches pour l’occuper.
D’ailleurs tous nos modes de fonctionnement, tous nos rapports avec le monde sont à revoir.
À cause de cette situation inédite. Ou grâce à elle. À vous de voir.
- Notre rapport au temps, et à ce que nous en faisons. L’utilisons-nous au mieux ? Pour quelque chose d’utile ? Ou de futile ?
- Notre rapport aux autres : nous sommes confinés avec notre famille directe, 24 h/24 mais coupés des autres membres et de nos amis. Nous allons devoir passer Pâques chacun dans notre coin. Heureusement qu’il reste les téléphones, internet et les réseaux sociaux pour garder le contact. Certains qui se pensaient solitaires découvrent que les autres leur manquent. D’autres, étonnés, apprécient de se retrouver seuls. Parfois la cohabitation et l’enfermement sont assimilés à une prison, certains ont l’impression de s’asphyxier.
- Notre rapport à l’espace : certains se rendent compte de leur chance de vivre à la campagne, dans une maison avec jardin. Ceux qui appréciaient hier de vivre en ville, dans un appartement, pour être proche de leur travail, de leurs amis, ou de tous les services et activités à disposition, se retrouvent peut-être maintenant enfermés et désœuvrés.
- Notre rapport à nos priorités : notre priorité est maintenant de nous préserver, nous et nos proches, de rester en bonne santé. À quoi nous sert d’avoir un compte en banque bien rempli dans ce contexte ? Les magasins sont à peu près tous fermés et l'argent ne peut plus être dépensé, à part pour les priorités (alimentation, eau, électricité...).
- Notre rapport à ce qui est important : se nourrir, avoir un toit, pouvoir parler aux gens qu’on aime. J’en suis même à remercier la technologie d’exister, nous serions bien isolés actuellement sans téléphone et sans internet - Jamais je n’aurais pensé dire cela un jour !
Un tout petit virus, un truc invisible à l’œil nu, sorti d’on ne sait où, qui bouleverse nos vies, met en danger l’économie mondiale et le système capitaliste. Qui met le monde entier à genou.
Subitement, un nouvel équilibre se met en place. Ceux qui étaient hier les mieux armés dans ce monde de compétition se retrouvent subitement sans combat à mener. Les désœuvrés et les isolés d’hier ont une bonne longueur d’avance, habitués à vivre ainsi sans but et confinés depuis des années.
Avez-vous remarqué comme ce qui était important hier l’est beaucoup moins aujourd’hui ? Que les privilégiés d’hier ont perdu de leur superbe. Que ces hommes d’affaires brassant des millions, si impressionnants et enviés hier, apparaissent aujourd’hui bien superficiels et égoïstes. Que les habitants des grandes villes courent aujourd’hui se réfugier dans les campagnes (chez ces « paysans qui roulent au diesel », rappelez-vous), que les méprisés d’hier sont aujourd’hui ceux grâce à qui nous pouvons encore nous alimenter (les caissiers des supermarchés, les chauffeurs routiers), ou ceux qui nous soignent. Quant à ceux qui nous dirigent, certains en sont déjà à se demander à quoi ils servent réellement…
C’est une intéressante inversion des rôles et des valeurs, vous ne trouvez pas ? Comme si un nouvel ordre des choses, plus juste, était en train de se mettre en place.
Prenez du recul, observez.
La nature reprend ses droits, avez-vous vu les images de cette Chine qui réapparaît enfin, débarrassée de son nuage de pollution ? Cet air plus pur que nous pourrions respirer si nous étions autorisés à sortir de chez nous. Mais non, ce sont les animaux qui en profitent ! Le magnifique pied-de-nez de la nature qui se réveille au printemps : eh bien non, vous savez si peu profiter de ce que j’ai à vous offrir que cette année vous devrez faire sans… Confinés…
Ça ne vous rappelle rien ? Un truc du genre : « Tu n’as pas été sage, tu n’as pas voulu obéir ? Eh bien maintenant, tu es privé de dessert et tu files dans ta chambre ! »…
Je crois que ce moment nous invite à plusieurs choses :
Tout d’abord à vivre pleinement le moment présent. Profitez de chaque instant. Savourez. Le soleil qui se lève, les arbres qui bourgeonnent, les oiseaux qui volent d’arbres en arbres, insouciants de tout. Pour eux rien n’a changé.
Ensuite à lâcher-prise. Rien de tel que cette épidémie pour comprendre qu’il est des choses sur lesquelles nous n’avons aucun pouvoir. Rappelez-vous cette fameuse citation :
« Donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse de distinguer les premières des secondes. »
Et en ce moment, nous pouvons juste prendre soin de nous.
Pensez à vous préserver, à vous isoler, à prendre du repos. Vous aurez besoin de forces. Bien plus que vous ne l’imaginez. Autant si vous attrapez ce virus que si vous en réchappez.
Et pour finir à grandir. En conscience, en responsabilité et en sagesse. Soyez prêts à franchir ce cap. Tous ensemble. Parce que nous aurons besoin de nous aider les uns les autres.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 22 autres membres